A la demande du Centre d’Etude du Développement Durable (CEDD/ULB), j’ai participé à une table ronde sur les choix de consommation les biocides. L’accent étant mis sur le public démuni.
Biocides ?
Petit rappel, on parle de biocides dans le contexte ménage et de pesticides en agriculture. Ce sont parfois les mêmes substances mais le contexte législatif est différent.
Biocides et santé ?
Les biocides sont reconnus comme substances toxiques, de nombreuses études le montrent. On les considère comme des agents cancérigènes et reprotoxiques (perturbateurs de la formation des organes de reproduction ou des mécanismes physiologiques de la reproduction). Cependant, actuellement on parle de risque associé mais non significatif ! Ce sont des termes statistiques issus de recherches épidémiologiques. Ces études sont très complexes. Elles montrent qu’il est difficile de faire le lien entre une cause (une molécule) et un effet (une maladie). Pourquoi ? En raison de la multitude des paramètres dont principalement l’exposition à un cocktail de molécules et du temps de latence entre l’apparition de la maladie et l’exposition aux substances. L’historique de l’exposition est parfois ardu à reconstituer quand le laps de temps est de 10, 20 ou 30 ans pour certaines maladies (cancers).
Faut-il attendre 20 ans pour prendre des dispositions ?
La recherche est importante mais en attendant des certitudes scientifiques (si on peut les produire un jour), on peut (doit) prendre des dispositions individuelles et collectives afin de réduire son exposition aux biocides. C’est évidemment agir préventivement, appliquer le principe de précaution.
Les questions de la table ronde tournaient autour quatre axes :
Qu’est-ce qui influence le choix de consommation "Biocides" ?
Stratégies de communication vers les publics défavorisés ?
Influence des labels "éco" et des campagnes de prévention contre l’usage abusif des pesticides ?
Et les publics démunis ?
Le consommateur n’est pas un imbécile. Il sait que les biocides ne sont pas des substances inoffensives. Cependant :
il souhaite conserver son confort face à ces bestioles et herbes envahissantes sans que cela lui prenne trop de son temps, ni trop d’argent ;
il considère généralement que si ces substances sont vendues librement, c’est que ce n’est pas si dangereux que ça ;
il oublie que l’objectif du fabricant et du vendeur, c’est de vendre un produit efficace, en respectant la législation pour les questions d’impact sur la santé (malheureusement les cahiers des charges pour les normes actuelles ne sont pas toujours à jour. Les procédés d’homologation des substances chimiques réclament aussi une actualisation en fonction des avancées des études épidémiologiques).
La question est bien d’enrayer la machine de consommation, induire d’autres comportements de consommation. Qui et comment informer pour faire passer le message ? Un participant disait : « Faire le pari sur l’intelligence des consommateurs » mais pour cela, il faut lui donner les arguments pour lui rendre son libre arbitre.
Voici quelques pistes de réflexion :
retrouver le conseil du professionnel (droguerie, pharmacien, ONE) ;
mettre en place des structures relais identifiées pour les personnes précarisées, comme les CPAS, associations de proximité. Ce public n’a pas accès aux relais classiques d’information ou à Internet. Evidemment, il est primordial de ne pas oublier que leurs préoccupations quotidiennes sont de vivre décemment et pas de se prendre la tête avec le choix d’un biocide.
Quelques conseils pour terminer :
éviter l’usage des biocides dans la maison, surtout en aérosols. Si leur utilisation est incontournable, faites le avec parcimonie en respectant scrupuleusement la notice. Oubliez le : « Plus y en a, mieux c’est ! » ;
les enfants, dès le stade fœtal, sont les plus sensibles à l’exposition aux biocides. Evitez leur utilisation en leur présence et en présence des femmes enceintes. Aérer les pièces où le biocide a été utilisé et mieux passer les surfaces à l’eau savonneuse. Pour les bébés et la pollution intérieure : voir la brochure du CERES "Il était une fois ma chambre, mon univers, ma santé"
Voir aussi notre fiche Santé-Habitat n°2 : Je peux éviter d’utiliser des pesticides à la maison !
Ne laisser pas traîner d’aliments en présence de biocides et attention aux aquariums et aux poissons.
Pour en savoir plus sur les pesticides, visitez aussi la page "Notre Environnement - Pesticides" de la Fédération InterEnvironnement Wallonie (IEW)